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La tradition du Khat La maison de nomades L'excision des filles  

  La tradition du Khat  


Le khat, ce sont les feuilles d'un arbre qui peut atteindre la hauteur d'environ 4 à 5 mètres, avec des racines très profondes qui lui permettent de rester verdâtre aussi bien à la saison de la sécheresse qu'à la saison de pluies. L'un des arbres est certainement originaire des hautes montagnes de l'Eithopie ou actuellement les Somaliens se ravitaillent. L'autre provient du Kenya, on le trouve principalement dans le Sud de la Somalie, ou il s'appelle mirongui. Celui-là on ne broute pas les feuilles mais plutôt les écorces. Ils ne donnent aucun fruit, mais bourgeonnent tout le temps avec de jeunes pousses.


A l'heure de la vente

arrivée du khat à l'aéroport       le précieux bouquet

Le khat arrive d'habitude vers 10h30 à 11h00 par avion dans les aéroports des grandes villes principales du pays. Puis il est acheminé en 4x4 jusqu'aux lieux de vente.

Là, les grossistes et les détaillants entrent dans un chaos inimaginable. On crie, se bouscule, se dispute et se réconcilie, pour faire l'affaire ensemble, puis on jette des sacs bourrés de branchages et dégoulinants d'eau pour que les feuilles ne soient pas desséchées dans d'autres voitures et qui démarrent en trombe vers les quatre directions de la ville pour converger aux différents points de vente. Là, des jolies femmes, belles, souriantes et bien dodues comme les Somaliens les aiment, mais des véritables tigresses dès qu'il s'agit d'affaire, s'assoient sur des chaises et étalent les marchandises devant elles, en les sortant de temps en temps du sac pour les arroser, ce qui est leur truc pour faire miroiter le khat aux passants.

A la même heure, tous les hommes somaliens d'âge d'adulte ou adolescents, qu'ils soient fonctionnaires, employés de bureau, businessmen ou de simples ouvriers, n'ont qu'une idée en tête, tous sans exception : se rendre au marché de khat le plus vite possible pour avoir le meilleur bouquet pour ceux qui ont les moyens, et pour les autres sans argent, trouver comment se procurer de quoi brouter aujourd'hui sans payer. Ils appellent ça shaxaad = rouler un ami gentiment. Ils bâclent leur travail ou trouvent de nombreuses excuses pour quitter le bureau avant l'heure ou purement et simplement ils partent sur la pointe des pieds et disparaissent dans la nature. Puis ils se rendent chez les marchands de khat et une fois le bouquet dans la poche ils bavardent en discutant de la pluie et du beau temps et rient très fort car ils sont déjà gais en attendant qu'il soit vers 1heure à 1heure 30 de l'après-midi, l'heure de brouter.


Aspect social du khat

Pour un Somalien brouter le khat c'est avoir une vie sociale. 95% des gens qui consomment le khat sont des hommes, ils broutent uniquement les après-midis. Brouter le khat a certains avantages pour les Somaliens. En se réunissant autour du khat ils règlent beaucoup de conflits, négocient des affaires, et aussi prennent des décisions qui seront souvent oubliées le lendemain. Comme cette plante a une substance anti-stressante, au moins tout au début, la personne devient plus calme et est attentive pour son interlocuteur. Ainsi à un père qui est très réticent de donner la main de sa fille à quelqu'un, on la lui demandera devant le khat et il y a de fortes chances qu'il accepte. A un ménage qui ne s'entend pas on essayera de trouver une solution pendant le broutage, ainsi que pour une personne endettée.


La cérémonie du khat

bien installés pour brouter le khat   brouter le khat entre amis

Le khat ne se broute pas n'importe où ni n'importe comment. Tout d'abord il faut être plusieurs, puis aller dans des endroits prévus pour ces occasions (on les appelle mijilis) ou bien dans une maison, mais jamais dans un endroit exposé au vent. Dans les deux cas, on pose tout le long du mur de la pièce des matelas d'une personne de sorte que le milieu de la pièce reste vide. Puis on met deux ou trois oreillers empilés au milieu de chaque matelas, ainsi deux hommes peuvent s'asseoir couchées sur les côtés épaule contre épaule et s'appuyant chacun d'un côté des oreillers.


les accessoires indispensables    Dans le milieu de la pièce se trouvent des bouteilles thermos remplies de thé noir, très sucré et parfumé à la cardamome et à la cannelle mais aussi un brasero avec des charbons de bois qu'on entretient tout l'après-midi pour qu'il reste chaud et vif car si le brouteur ne transpire pas il risque de ne pas atteindre ce qu'on appelle mirqaan = l'euphorie. Devant chaque personne on place également un cendrier, un verre d'eau, une tasse pour le thé et bien sûr son bouquet de khat enveloppé d'une petite serviette propre et humide (= tuwaal). Une fois que tout ça est mis en place, le broutage et les bavardages commencent.
Uniquement à la maison, les femmes peuvent être admises dans la pièce réservée au khat, mais elles se contentent en général de boire du coca-cola.

Les aspects négatifs du khat

Si le khat a ses côtés bienfaisants, il a aussi ses côtés maléfiques.

- Il met financièrement en danger la survie déjà précaire de milliers de foyer Somaliens. Le salaire d'un père de famille peut passer entièrement dans l'achat du khat.

- Le khat nuit directement ou indirectement aussi à la santé. Il est certain qu'un Somalien qui n'a pas suffisamment d'argent préfère sauter des repas plutôt que de se priver de khat.

- Le khat a également des effets excitants et rend le consommateur insomniaque la nuit, ce qui conduit beaucoup de jeunes à chercher des lieux de divertissement nocturnes qui les exposent à des maladies comme le sida.

Le khat est un handicap au développement du pays car les Somaliens, trop préoccupés à brouter tous les après-midis, ne consacrent que très peu d'heures au travail le matin. Ils négligent souvent leur famille, l'éducation de leurs enfants, leur travail et leurs devoirs de citoyens en général.




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