 | Chapitre 16 - Le Complément de Nom |
Généralités :
Un complément de nom est un nom qui qualifie un nom, un peu comme le ferait un adjectif. En Français on utilise souvent la particule "de", par exemple : un œuf de poule, du lait de vache, un vêtement de sport, etc...
Mais de même que les articles indépendants "un, une, des, le, la, les" n'existent pas en Somali, il n'existe pas non plus de particules "de, du, de la, des" pour relier 2 noms ensemble.
La plupart du temps, on se contentera de juxtaposer les 2 noms, sachant que le 2ème qualifie ou complète le 1er, comme le ferait l'adjectif qui se place après le nom.
Il existe cependant plusieurs cas où ce procédé ne suffit pas, notamment lorsque "de" implique la possession de quelque chose par une personne : on parle alors de cas "génitif".
Exemples :
Caano gheel = lait de chamelle
Hilib lo' = viande de boeuf
Albaabka dugsiga = la porte de l'école
Bartamaha magaalada = le centre-ville
Barayaásha dugsíga = les enseignants de l'école.
Un nom ne peut normalement pas être qualifié par plus d'un autre nom. Cependant lorsque 2 noms se succèdent pour le qualifier, le mot "ee" doit être inséré entre les deux termes, comme lorsque 2 adjectifs qualifie un nom. Voir : Chapitre 14.
Exemples :
Baquliga biyaha ee bisadaha = la gamelle d'eau des chats
Baquliga cuntada ee bisadaha = la gamelle de nourriture des chats
Sariirta alwaax ee ilmaha = le lit en bois de l'enfant
Daahyada birta ee dukaanka = le rideau de fer du magasin
Kooxda kubadda cagta ee dalka = l'équipe de football du pays (nom + 3 noms)
Jidka kale ee bidixda = la prochaine rue à gauche (nom + adj + nom)
Isbitaalka weyn ee magaalada = le grand hôpital de la ville (nom + adj + nom)
Le génitif indique la possession :
Le possesseur passe au génitif, tandis que la chose possédée est sous forme définie. Le nom de la chose possédée vient en premier dans la phrase.
Dans la phrase : "La maison d'Ali", le possesseur "Ali" passe au génitif = Guriga Calí.
Le génitif diffère de l'absolu seulement en ton : l'accent tombe sur la dernière voyelle du nom absolu ! (Très difficile à entendre pour un locuteur français !)
Exemples :
Búuggii Maxaméd = le livre de Mohamed. (le livre + Mohamed)
Guriga Calí = la maison d'Ali. (la maison + Ali)
Qalinka macallínka = le stylo du professeur. (le stylo + le professeur)
Qalinka ardéyga = le stylo de l'étudiant. (le stylo + l'étudiant)
Guriga macallínku waa míd weyn = La maison du professeur est grande. (la maison + le professeur + est + grande)
Suffixe "-eéd" pour les noms féminins singuliers :
Les noms féminins singuliers qui ne se terminent pas par -o dans l'absolu prennent souvent (mais pas toujours !) les suffixes -eéd ou -yeéd.
Exemples :
Buul shimbireéd ou Cuf shimbireéd = Un nid d'oiseau.
Áf shimbireéd = Le langage des oiseaux.
Buúg dugsiyeéd = Un livre scolaire.
Sariír carruureéd = Un berceau, un lit pour bébé.
Dhár naageéd = Les vêtements de femme, vêtements pour femme.
Sanduúq waraaqeéd = Une boîte aux lettres.
Dadka Soomaaliyeéd = Le peuple somalien.
Suffixe "-oód" pour les noms féminins pluriels :
Les noms féminins qui se terminent par -o au pluriel absolu prennent souvent (mais pas toujours !) le suffixe -oód.
Exemples :
Íl biyoód = Une source, une fontaine.
Xanuún ilkoód = Rage de dent.
Laas Caanoód = "Le puits de lait" = nom d'une ville du nord de la Somalie !
Tani waa cunto bisadoód = Voici de la nourriture pour les chats.
Kani waa dhár naagoód = Voici des vêtements de femme.
On verra un autre emploi du suffixe -oód avec les nombres dans le Chapitre 31.
Suffixe "-aád" pour les noms d'animaux :
Les noms d'animaux comme compléments prennent souvent le suffixe -aád. Mais -aád peut également être ajouté à d'autres noms, et est utilisé pour les nombres ordinaux.
Exemples :
Hilib lo'aád = Boeuf.
Subag lo'aád = Beurre provenant d'une vache.
Hárag lo'aád = Peau de vache.
Caano gheelaád (ou caano gheél) = Lait de chamelle.
Caano riyaád = Lait de chèvre.
Qansoo roobaád = Un arc-en-ciel. = arc de pluie !
Fasalka kowbaád = La première classe
Blooga sideedaád = Le huitième quartier
Usage :
Il est parfois difficile d'expliquer pourquoi telle ou telle expression est de préférence utilisée. Ainsi dans le cas de : caano gheél ou caano gheelaád (= lait de chamelle) ?
On dira par exemple : (1) Caano gheelaád ma la helaa? = Est-ce qu'on trouve du lait de chamelle ?
Mais : (2) Caano gheél ma haysaa = Avez-vous du lait de chamelle ? lorsqu'on s'adresse à la vendeuse de lait !
Il semble que la question (1) est d'ordre général, alors que la question (2) est d'ordre particulier et pratique.
La même question se pose dans l'emploi entre (1) dhár naageéd / dhár naagoód et (2) dhár naág = des vêtements de femme.
L'expression (1) semble désigner les vêtements des femmes en général, et l'expression (2) les vêtements d'un femme en particulier.
A ce stade, la distinction entre (1) général/théorique et (2) particulier/pratique pour expliquer tel ou tel usage reste une hypothèse !
Il y a cependant des cas où le choix entre telle ou telle expression introduit une nette distinction sémantique :
Ainsi (1) Áf shimbireéd = le langage des oiseaux.
A ne pas confondre avec : (2) Áfka shimbiraha = le bec des oiseaux !
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